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Qu’est-ce que la psychothérapie cognitivo-comportementale ?

La psychothérapie cognitivo-comportementale (ou TCC) est une approche thérapeutique centrée principalement sur l’ici et le maintenant et qui applique les principes de la méthodologie scientifique dans le traitement des problèmes psychopathologiques. Elle postule que les émotions et comportements sont davantage déterminés par l’interprétation que les individus donnent à un événement que par l’événement lui-même.

Grâce à un style thérapeutique actif et collaboratif, le patient et le thérapeute identifient ensemble les difficultés de la réalité quotidienne du patient et définissent l’objectif thérapeutique à atteindre. Les difficultés sont abordées sous l’angle des pensées et comportements dysfonctionnels. Ils mettent également en évidence les croyances, schémas et habitudes plus ou moins rigidifiés qu’il convient d’assouplir pour favoriser une meilleure adaptation du patient à sa situation actuelle. Cette approche vise également la reconnaissance des émotions et sensations qui peuvent parfois s’avérer déstabilisantes ou extrêmes. Des stratégies de changement et l’apprentissage de nouvelles compétences sont proposés et expérimentés au cours de tâches à domicile qui complètent le travail réalisé en séance. 
Des évaluations régulières des progrès effectués au cours du traitement en déterminent sa durée, généralement limitée dans le temps.

Depuis ses débuts à la fin des années 50 dans les pays anglosaxons, la TCC a connu diverses évolutions (on parle à ce jour de la 3ème vague des TCC) et son efficacité a été démontrée scientifiquement dans le cadre de nombreuses affections, notamment les troubles anxieux et dépressifs, les troubles alimentaires, les addictions et les troubles du sommeil, pour n’en citer que quelques-uns. Tous les troubles psychiques ainsi qu’un bon nombre de problématiques peuvent ainsi être traités par la TCC, en combinaison ou pas avec la pharmacothérapie.

Les psychothérapeutes formés à la TCC connaissent les techniques thérapeutiques de base de cette approche. Certains thérapeutes se sont formés à d’autres techniques spécifiques additionnelles. La plupart des interventions se déroulent en individuel. Des prises en charge en groupe ainsi qu’en couple ou en famille peuvent être proposées.

Psychothérapie cognitivo-comportementale
L’ici et le maintenant  
Méthodologie scientifique
Interprétation
Style thérapeutique
Objectif thérapeutique
Apprentissage
Tâches à domicile  
Évaluations 
Limitée dans le temps 
3ème vague des TCC  
Efficacité de la TCC 

 


Psychothérapie cognitivo-comportementale

Les termes de thérapie cognitivo-comportementale ou cognitive-comportementale (connue sous l’abréviation TCC) regroupent un ensemble de principes théoriques et de techniques thérapeutiques découlant des deux approches de base que sont la thérapie comportementale et la thérapie cognitive. De plus, ces deux approches ont plusieurs points communs, notamment la démarche scientifique expérimentale, les théories de l’apprentissage, le style thérapeutique et une durée d’intervention limitée dans le temps. Il arrive toutefois que certains thérapeutes se réclament plus de l’approche comportementale, se référant surtout aux théories de l’apprentissage social et du conditionnement classique et opérant alors que d’autres thérapeutes se disent cognitivistes, axant alors leur intervention principalement sur la prise de conscience et la modification du mode de pensée dysfonctionnel, autrement dit la restructuration cognitive. Toutefois, un clivage entre les tenants d’une école ou d’une autre n’aurait, si l’on en croit M. Hautekeete à propos des principes généraux des thérapies

cognitives, «aucune raison de déborder sur la pratique thérapeutique qui a tout intérêt à le gommer en choisissant l’appellation générique de thérapie cognitivo-comportementale car une pratique réellement fédérative ne peut qu’être facilitée par une dénomination commune ». De son point de vue, aller au delà des oppositions entre théories permet d’aboutir à une « présentation articulée des modèles de manière à fournir au clinicien un support fondamental dépassant les querelles d’école ».

M. Hautekeete (1999). Principes généraux des thérapies cognitives. In B. Samuel- Lajeunesse, C. Mirabel-Sarron, L. Vera, F. Mehran et coll, Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Paris : Dunod.

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L’ici et le maintenant 

La TCC est centrée principalement sur l’ici et le maintenant, s’intéressant en priorité à la partie actuelle du trouble, à la problématique du moment qui génère de la souffrance et limite les capacités adaptatives de même que la qualité de vie de l’individu. Elle met davantage l’accent sur les déterminants présents qu’historiques du comportement et privilégie ainsi les interrogations sous la forme du « comment » (« comment cela se passe aujourd’hui quant cela se passe mal, comment faire autrement,… »), examinant la manière dont le sujet pense et se comporte actuellement afin de l’aider à développer des manières plus fonctionnelles d’agir et de penser. La question du « pourquoi » (« les raisons pour lesquelles le trouble est là, ses causes possibles, le rôle de traumatismes passés,……? ») lorsqu’abordée, ne le sera généralement que dans un second temps. Pour cette raison, on a longtemps reproché à la TCC de ne pas s’intéresser à l’histoire du sujet, ni même à son enfance. Pourtant, cet axe développemental est abordé tant lors de l’analyse fonctionnelle établie en début de thérapie, avec la prise en considération des aspects diachroniques (facteurs génétiques, facteurs initiaux invoqués, facteurs déclenchants, facteurs de maintien) du problème actuel, qu’à divers moments de la thérapie où l’on peut identifier les éléments en lien avec les expériences précoces d’attachement, les modèles parentaux et d’éducation, des événements ayant mené à la construction de certaines croyances, représentations et règles de fonctionnement, …

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Méthodologie scientifique

La thérapie cognitive-comportementale est une bonne illustration de l’application de la psychologie scientifique à la psychothérapie. La TCC encourage le recours à une méthodologie expérimentale pour comprendre et modifier la psychopathologie. Dans cette méthodologie expérimentale, on distingue 4 phases que sont l’observation des faits, la formulation d’hypothèses, l’expérimentation et l’interprétation des résultats. A présent, détaillons chacune d’entre elles.

Au cours de l’observation des faits concernant un problème amené par le patient, appelé aussi problème cible, le thérapeute questionne le patient tant sur sa réalité actuelle que sur son histoire. Pour un recueil le plus systématique et organisé possible des données, le thérapeute se base souvent sur une technique clinique d’étude et d’analyse du comportement, plus connue sous le terme d’analyse fonctionnelle. Il s’agit d’examiner le problème cible, comment il se manifeste aujourd’hui, quelles sont les pensées, interprétations et émotions qui l’accompagnent et quelles sont ses incidences sur le plan interpersonnel. L’idée centrale est de pouvoir préciser les conditions actuelles de maintien et de déclenchements des comportements. Mais l’historique du trouble est également investigué, le thérapeute cherchant à obtenir des informations sur le passé du patient, d’identifier des facteurs de stress, des facteurs prédisposants et de vulnérabilité (qu’ils soient génétiques ou acquis) pouvant permettre de situer le problème cible dans un contexte longitudinal, englobant aussi des aspects liés aux principes d’éducation et aux expériences précoces d’attachement et de séparation. Ce recueil des faits est complété par une mesure quantitative des troubles, réalisée à l’aide de questionnaires et échelles diverses. Cette évaluation, réalisée en début de traitement, servira de base de comparaison de l’évolution du patient grâce à des mesures répétées en cours de thérapie. Les questionnaires portent sur les troubles présentés (dépression, anxiété, …) mais également sur leurs conséquences sur le plan du fonctionnement social et de la qualité de vie.

Minutieusement menée, l’analyse fonctionnelle doit favoriser la formulation d’hypothèses de compréhension à propos de la survenue du problème ou des symptômes présentés. A partir de là, le thérapeute propose au patient un programme de traitement et fixe avec lui un contrat thérapeutique. Celui-ci stipule l’objectif thérapeutique ainsi que le rythme des séances, la durée estimée de la thérapie, le moment de la prochaine évaluation des symptômes. Il est également précisé au patient diverses caractéristiques et attentes en TCC: une collaboration paritaire entre patient et thérapeute, la structuration des séances avec un agenda, la réalisation par le patient de tâches à domicile.

Suit alors la phase thérapeutique d’application des stratégies d’intervention, composées d’auto-observation puis de modification progressive cognitive et comportementale. Il peut s’agir de techniques d’exposition (à des choses redoutées et évitées), de résolution de problème, de meilleure gestion du stress (p.ex par du contrôle respiratoire), d’affirmation de soi, de restructuration cognitive, …

Les bilans d’évaluation effectués tant au cours du traitement qu’à l’issue de celle-ci, permettent de tirer quelques conclusions sur les conséquences de l’application de ces techniques thérapeutiques et donc d’en mesurer la pertinence et l’efficacité. Il s’agit de la phase d’interprétation des résultats. Selon les conclusions tirées, en cours de thérapie, patient et thérapeute conviennent de poursuivre sur la voie adoptée ou au contraire de réorienter le travail, voire de formuler de nouvelles hypothèses, pour augmenter l’efficacité thérapeutique. A l’issue du traitement, la dernière évaluation vise à mesurer le chemin parcouru, à conclure

quant à l’adéquation de l’approche TCC pour la résolution des problèmes présentés et à anticiper des situations dans lesquelles le patient serait potentiellement à risque de.

Cette démarche expérimentale est extrêmement dynamique, afin de pouvoir intégrer en cours d’application, de nouveaux éléments issus tant de l’environnement du patient (p.ex, survenue d’un facteur de stress comme la perte d’un être cher en cours de thérapie et nécessitant d’adapter le travail), que de son histoire ou tableau clinique (p.ex, patient qui, en cours de thérapie, rapporte des traumatismes infantiles ou avoue une consommation de toxiques venant complexifier le tableau clinique et le travail entrepris) et, enfin, des bilans d’évaluation. Le thérapeute ne reste pas dans une application statique et rigide de modèles mais les adapte de cas en cas aux spécificités de la personne qui vient le consulter, dans un questionnement régulier et partagé avec le patient, des hypothèses de départ formulées et de la méthode thérapeutique choisie.

Malgré la flexibilité de cette démarche thérapeutique, il arrive que lors de l’analyse fonctionnelle déjà ou plus tard en cours de traitement, l’indication à la TCC ne soit pas retenue ou soit remise en question par le thérapeute. Il survient aussi parfois que le patient lui- même ne puisse adhérer au modèle de compréhension et de traitement de son trouble qui lui a été proposé. Dans ce cas, patient et thérapeute envisagent, ensemble, des alternatives qui peuvent, le cas échéant, nécessiter l’orientation du patient vers d’autres types de prises en charge.

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Interprétation 

Nos soucis, nos angoisses et nos souffrances proviennent plus de notre façon de voir les choses que de ces choses elles-mêmes. Ce simple postulat de base sur lequel reposent les thérapies cognitives est en même temps très ancien. En effet, on pourrait voir dans le stoïcisme l’origine de la thérapie cognitive. Il en préfigure l’idée maîtresse selon laquelle notre humeur serait le fruit de nos pensées. Parmi les stoïciens antiques fréquemment cités et que l’on peut mettre en lien avec la TCC, on trouve surtout Epictète, auteur de la phrase «Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses » mais également Marc-Aurèle qui, au IIème siècle après Jésus-Christ, écrivait déjà «si quelque objet extérieur te chagrine, ce n’est pas lui, c’est le jugement que tu portes sur lui qui te trouble ». Il rajoutait ensuite « il ne tient qu’à toi d’effacer ce jugement de ton âme ». En cours de la thérapie cognitive, il s’agira alors d’identifier le style de pensée et la perception des événements de l’individu pour ensuite le modifier. On examinera son monologue intérieur (appelé aussi pensée automatique), ses erreurs logiques de pensée (dont par exemple l’inférence arbitraire conduisant à tirer des conclusions sans preuve réelle ou la maximalisation du négatif dont la conséquence est globalement de noircir la situation) et ses schémas cognitifs. Ceux-ci forment un ensemble de croyances et convictions profondes du sujet, exprimant toute une série de règles de fonctionnement dont le caractère dysfonctionnel découle principalement de leur application trop systématique et peu nuancée. Dans une situation donnée, les schémas, activés de manière automatique et inconsciente, conditionnent les interprétations personnelles de la réalité et influencent tant le comportement que les émotions dans une situation donnée.

Prenons pour exemple la situation suivante : Pendant sa pause de midi, Laurence sort du travail et alors qu’elle se balade, elle rencontre une ancienne connaissance. Elles décident de se donner rendez-vous pour se voir un autre jour. Laurence ouvre son sac à main pour y chercher son agenda. Elle fouille et sent aussitôt son cœur se mette à battre plus rapidement, ses muscles se contracter. « On me l’a volé » pense-t-elle immédiatement lorsqu’elle ne trouve pas son agenda. Contrariée, elle note le rendez-vous sur un bout de papier, quitte son amie et poursuit sa pause de midi, l’esprit préoccupé et se demandant comment elle va faire pour fonctionner sans son agenda, avec toutes les informations précieuses qu’il contenait. Elle est énervée, soucieuse et tendue, tout en réfléchissant à quel moment et où ce larcin a bien pu se produire. Ce tumulte intérieur, tant au niveau des pensées que des sensations physiques et émotionnelles, ne retombera qu’une fois Laurence, retournée au travail et s’installant à sa place de travail, verra que l’agenda est là, posé sur son bureau. Elle l’avait tout simplement oublié.

Cet exemple illustre bien comment une première interprétation de la situation, « on me l’a volé », considérée comme la seule et unique explication possible, entraîne Laurence dans un mouvement de panique et de contrariété, une forme de « scénario catastrophe », qui l’affecte bien plus que cela n’aurait été le cas si elle était parvenue à imaginer l’éventualité qu’il soit resté sur son bureau.

En cours de traitement, le thérapeute va introduire progressivement différentes techniques pour amener le patient à mieux distinguer les faits de l’interprétation des faits, à élargir sa gamme de lecture de la situation, à assouplir ses règles de fonctionnement et à porter un regard un peu plus nuancé sur lui-même et sur le monde.

Pour des informations simples et plus complètes sur la thérapie cognitive, la lecture du livre de C. André intitulé « les thérapies cognitives » et paru en 2005 dans la collection Essentialis aux Editions Bernet-Danilo, peut être recommandée.

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Style thérapeutique 

TCC se caractérise non seulement par son déroulement structuré et les techniques proposées mais également par son style thérapeutique. La collaboration paritaire est visée. En effet, on compare le thérapeute et le patient à deux scientifiques collaborant à la résolution d’un problème. Si le thérapeute est expert en TCC et en maladies psychiques, le patient est quant à lui expert de lui-même et de son trouble tel qu’il se manifeste dans son cas précis, connaissant mieux que quiconque ses difficultés.

Le style est donc interactif. Le thérapeute pose de questions, fournit des informations, oriente, reformule, … Il partage avec le patient un certains nombres de données simples et claires sur la TCC et sur le trouble présenté (psycho-éducation). Il lui expose aussi ses hypothèses de travail et encourage le patient à donner son avis et à discuter ses propositions. Il structure ses interventions et fixe notamment avec le patient un agenda pour la séance qui précise les points qui seront abordés. Le thérapeute encourage la participation active du patient, renforce ses progrès, valorise ses compétences, favorise son autonomisation et sa responsabilisation dans le changement. Guidé, informé, encouragé, le patient va assumer une part active, tant lors des entretiens avec son thérapeutique qu’en dehors des séances, lors de réalisation de tâches à domicile.

Le style thérapeutique est fortement caractérisé par un style de questionnement adopté par le thérapeutique. Ce questionnement inductif, appelé dialogue socratique, a pour but principal d’amener le sujet à préciser une situation, à remettre en question son point de vue, à générer de nouvelles solutions, à augmenter sa prise de conscience, … Plutôt que de directement fournir la réponse à une question, la solution à un problème, un autre point de vue sur une situation, le thérapeute tentera par le recours à des questions successives, parfois des métaphores ou autres techniques indirectes, d’y amener le patient. On parle alors de découverte guidée.

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Objectif thérapeutique 

L’objectif thérapeutique est précisé au début de la prise en charge, lors de l’établissement du contrat thérapeutique. Ce contrat est un forme de consensus entre le patient et le thérapeute qui déterminent ensemble les rôles attendus, l’objectif visé et les moyens d’y parvenir, de même que la durée du traitement. L’objectif est généralement découpé en sous-objectifs, atteignables à plus court terme et constituant des étapes successives du traitement. L’atteinte de chacune de ces étapes permet à la fois de renforcer le patient et de l’encourager par des expériences de réussite mais aussi de pouvoir adapter en cours de route le travail thérapeutique, en termes de rythme des séances ou de techniques utilisées. Les objectifs doivent être définis de manière précise, concrète et mesurable. Ils doivent être réalistes et aussi dépendre principalement de l’activité propre du sujet pour leur réalisation. Ainsi, un objectif trop élevé et dépendant essentiellement de l’intervention de tiers pour y parvenir méritera d’être redéfini afin que sa réalisation soit faisable sous la responsabilité principale du patient. L’atteinte de cet objectif ne peut être envisagée comme dépendant principalement du thérapeute (ses compétences ou une éventuelle « baguette magique »), des médicaments ou d’une tierce personne (p.ex, changement d’attitude du partenaire, de l’employeur,…). Ainsi, « aller mieux », « être plus sûr de moi », « réussir ma vie »,… sont des objectifs trop globaux et devant être précisés, en termes plus concerts, observables et réalistes. Le thérapeute questionnera alors le patient sur les critères qui lui permettraient de dire qu’il va mieux, sur ce qu’il ferait ou arrêterait de faire comparativement à maintenant et sur ce qui changerait dans son attitude et ses comportements.

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Apprentissage 

La TCC accorde une place importante à l’activité du patient et notamment à l’acquisition de techniques et de compétences devant lui permettre, une fois le traitement terminé, de devenir son propre thérapeute afin de maintenir les acquis et parvenir de manière autonome à mieux faire face aux événements futurs. Ces techniques sont présentées au patient qui les applique et en acquiert un certain nombre pour élargir son répertoire de stratégies. Il sera ainsi plus à même de faire face aux situations, de moins tomber dans le piège de ses interprétations automatiques et de se libérer de la tyrannie de certaines règles de fonctionnement trop rigides. En fin de compte, le patient termine souvent la thérapie avec un sentiment de meilleur auto contrôle et une estime de soi accrue, combinés à plus de souplesse et de prise de distance dans ses appréciations cognitives des événements. Il s’estime parfois encore vulnérable, à risque de rechute (voir ressurgir les symptômes du trouble présenté) mais être doté d’un plus grand sentiment d’efficacité personnelle dans la capacité de recourir à des compétences thérapeutiques spécifiques ou d’éviter des patterns comportementaux dysfonctionnels associés dans le passé avec la survenue et le maintien de son trouble. Les techniques ou compétences travaillées peuvent concerner la résolution de problème, la gestion du stress, l’affirmation de soi, la capacité de décentration (par rapport à un point de vue) ou de prise de distance par rapport à une situation, … Toutes ne seront pas proposées au patient mais sélectionnées selon leur pertinence quant au problème présenté par le patient et ses préférences pour certaines méthodes, quant à l’objectif fixé mais également quant à la maitrise de la technique par le thérapeute (celui-ci ne va ainsi pas proposer p.ex des techniques de relaxation s’il n’y a pas été formé).

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Tâches à domicile 

Les tâches à domicile jouent un rôle important dans la TCC. Outre le fait de permettre d’avancer plus vite en thérapie en réalisant en dehors des séances les tâches fixées d’un commun accord avec le thérapeute, elles encouragent et confèrent au patient un rôle actif et autonome, le responsabilisant dans son changement.

Ces tâches fixées doivent être claires, limitées, réalistes et surtout avoir du sens pour le patient quant à sa problématique et au travail thérapeutique entrepris. Afin de favoriser leur réalisation, le thérapeute encourage la participation du patient dans le choix des tâches pour la prochaine séance, anticipe les difficultés, les obstacles possibles et leur résolution, voire débute la tâche en séance ou effectue une répétition en imagination ou en jeu de rôle de l’action fixée.

A la séance suivante, la réalisation de la tâche est discutée et le patient est renforcé davantage sur les efforts fournis que sur le résultat. En cas de tâche non effectuée ou d’échec, thérapeute et patient en examinent ensemble les raisons possibles. Il peut s’agir d’une mauvaise calibration de l’ampleur ou difficulté de la tâche par rapport aux capacités actuelles du patient, à la survenue d’événements inattendus et interférant avec son accomplissement. Parfois, il conviendra de revenir sur la pertinence de l’assignation de tâches, en quoi cela sert la thérapie, certains patients ne comprenant pas vraiment la fonction des tâches à domicile, voire les considérant comme un retour sur les bancs d’école (devoirs scolaires).

La tâche peut consister à lire un texte sur le trouble présenté pour p.ex augmenter ses connaissances ou simplement tester dans la réalité le sentiment de ne plus être capable de se concentrer. Il peut s’agir de réaliser une activité repoussée depuis des semaines, de remplir des questionnaires en vue d’un prochain bilan thérapeutique, de remplir des fiches d’auto- observations, d’exercer une pratique en cours d’acquisition (p.ex des exercices de relaxation), de planifier des activités de plaisir, de régulariser ses rythmes de veille-sommeil, de s’exposer à des situations évitées, …

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Évaluations

A l’analyse plus qualitative du trouble réalisée en début de thérapie à l’aide d’une grille d’analyse fonctionnelle mais également des impressions cliniques du thérapeute, s’ajoute une évaluation quantitative basée, elle, sur le recours à divers échelles et questionnaires. Ces divers instruments, utilisés en début de traitement, permettent d’établir une ligne de base, sorte de « photographie » de la situation avant l’introduction du traitement. Les progrès réalisés en cours de thérapie seront évalués de manière répétée à l’aide de ces mêmes instruments et les scores alors obtenus comparés à ceux du bilan pré-thérapeutique de la ligne de base.

Les scores obtenus à ces instruments sont transmis et discutés avec le patient lors de séances servant à faire le bilan sur l’avancée de la thérapie.
On effectue généralement une évaluation en début de traitement, une ou des évaluation(s) intermédiaire(s) en cours de thérapie ainsi qu’une évaluation au terme de celle-ci. Il arrive aussi que plusieurs mois plus tard, et bien que la thérapie terminée, une évaluation complémentaire soit fixée (évaluation de suivi ou follow-up) pour constater l’évolution du patient et le maintien des acquis thérapeutiques.

Précisons que les échelles et questionnaires sont utilisés pas uniquement pour l’évaluation du changement par la thérapie mais aussi comme aide au diagnostic. Ils peuvent être complétés par le patient (on parlera alors d’auto-évaluation) à domicile ou en séance, certains sont remplis par le thérapeute (hétéro-évaluation).

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Limitée dans le temps 

La TCC est considérée comme une thérapie brève, ou du moins limitée dans le temps, sa durée allant généralement de quelques mois (correspondant à 15-20 séances à rythme hebdomadaire) à 2-3 ans. En effet, selon l’ancienneté et la sévérité du trouble, l’existence de comorbidités (d’autres troubles associés et notamment des troubles de personnalité), un contexte de vie difficile et peu favorable à l’amélioration du patient (chômage, conflit conjugal, désinsertion sociale,…), voire la survenue d’événements de stress en cours de thérapie (perte d’un être cher, annonce d’un diagnostic, …), thérapeute et patient adapteront d’un commun accord la durée de la thérapie ainsi que, parfois, le rythme de séances. Dans les moments plus difficiles, celles-ci pourront être rapprochées alors qu’en fin de traitement ou lors de périodes de meilleure stabilité, les séances pourront être espacées (tous les 15 jours, voire une séance par mois) afin de favoriser une plus grande autonomie du patient et le préparer à la fin de thérapie et à la séparation d’avec le thérapeute. En général, la durée des séances en thérapie individuelle est de 60 minutes. Lors de thérapies de groupe, la durée des séances est généralement plus longue (1h30 à 2h) et la durée de la thérapie souvent prédéterminée, avec un nombre fixe de séances (entre 8 à 20 séances selon le programme du groupe).

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3ème vague des TCC 

Aux 2 premières vagues ayant marqué l’évolution des TCC, la première, dite comportementale (1950-1980), et la seconde plus cognitive (1980-1990), succède une 3ème vague débutée autour des années 90 et dite émotionnelle. Elle se caractérise par des méthodes novatrices, telles les thérapies d’exposition par la réalité virtuelle, la thérapie dialectique comportementale et la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (méditation). Ces méthodes, plus expérientielles, font appel à des ressources propres aux patients et appréhendent les symptômes dans une perspective plus intégrative comme par ex. dans la thérapie d’acceptation et d’engagement.

Avec des applications cliniques en thérapie individuelle mais également de groupe ou en thérapie de famille, ces méthodes illustrent bien l’évolution perpétuelle du courant TCC. Vigueur et créativité dans ces avancées théoriques et pratiques ne viennent toutefois pas abolir le souci de « scientificité » de la méthode employée. Pour mieux cerner ce courant de la 3ème vague, nous nous recommandons la lecture d’un ouvrage récent, rédigé sous la coordination du Dr Cottraux par dix experts dans le contexte de la TCC et notamment du traitement des émotions. Intitulé « thérapie cognitive et émotions : la troisième vague », ce livre publié en 2007 chez Masson expose dans les grandes lignes les modèles théoriques des émotions et les applications cliniques qui en découlent.

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Efficacité de la TCC 

Depuis de nombreuses années, des recherches ont été conduites sur une large échelle afin d’évaluer l’efficacité de la TCC, comparativement à d’autres prises en charge comme des traitements médicamenteux, des approches issues d’autres courants psychothérapeutiques ou l’absence de traitement. De plus, l’efficacité de la TCC a été évaluée dans des situations où la TCC était la seule intervention ou alors combinée à une pharmacothérapie. Par ailleurs, l’effet de la TCC est mesurée quel que soit le type de setting thérapeutique proposé (setting individuel, de couple ou de groupe) et l’âge de la population concernée (tant chez l’adulte, que chez l’adulte âgé et dans des populations juvéniles). Sur la base des résultats des diverses études menées, les indications ou contre-indications diagnostiques à la TCC ont pu être établies et il ressort que l’efficacité de la TCC est notamment reconnue pour les troubles anxieux, les troubles de l’humeur, les troubles des conduites alimentaires et les addictions (alcool, drogues, jeu pathologique,…).

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