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Alliances et ruptures d’alliance: la TCC face à la personnalité narcissique
Laure Jean Perraudin
février 2018

Alliance et rupture d’alliance :
La TCC face à la personnalité narcissique

Donné par Dr Françoise Hazan
Genève, 24 février 2018

Le titre de cette formation est déjà énonciateur de ce qui va suivre. En effet, il s’agit avant tout de parler de l’alliance thérapeutique, élément important à la réussite de la thérapie. Et dans cet atelier le Dr Hazan relève l’importance du ressenti du thérapeute face à une personne narcissique.
Notre premier outil en tant que thérapeute est notre vécu émotionnel. Tout l’art est d’être attentif à ce qu’il nous renvoie afin de pouvoir en faire très bon usage dans la thérapie. Il nous donne beaucoup d’informations et peut même devenir un levier car il nous indique quel comportement adopter pour renforcer ou récupérer le lien thérapeutique.
Pour nous aider à pratiquer cet exercice, la fiche des 5 colonnes du thérapeute est utile. A l’aide d’une expérience, nous constatons que les thérapeutes ressentent une multitude d’émotions tel que la colère, la défiance, l’agacement, l’anxiété, la frustration, la sensation d’être flatté voire l’amusement. Ce qui implique bien entendu des pensées et des comportements s’y rapportant. C’est pour cela qu’il est laborieux pour le thérapeute d’être dans une relation d’aide.
Et de son côté, la personne narcissique a beaucoup de difficulté à faire son examen de conscience et à accepter l’aide qui lui est proposé.
Mais plaçons l’atelier dans notre époque. Selon certaines études, notre société actuelle a tendance à augmenter le potentiel d’apparition de trouble narcissique et dépressif en particulier chez les jeunes. En effet, une surexposition médiatique et la valorisation d’une éducation favorisant la protection jusqu’à la surprotection sont des éléments explicatifs. Un clin d’œil très actuel est qu’un des critères du dysmorphophobie est de prendre plus de trois selfie par jour.
Le spectre des troubles narcissiques va de la séduction et la manipulation à la psychopathie en passant par la perversité et la transgression. L’éventail va donc de la souffrance à l’absence de souffrance, du médical au juridique, de l’empathie à l’absence de remord. Plusieurs troubles de la personnalité peuvent avoir cet éventail, mais la ligne rouge est le mépris de l’autre.
Il y a trois niveaux du Narcissisme selon Cottraux, le narcissisme à haut fonctionnement, qui recherche l’approbation par la réussite tel que l’écrivain ou le politicien. Il s’agit d’un narcissisme perçu positif. Le narcissisme instable, qui eux développe cette personnalité pour compenser une faille. Il consulte lorsqu’il échoue dans sa vie ou que son image est remise en cause. Et le narcissisme malveillant qui ne se soigne pas volontairement car ne pense pas en avoir besoin. L’action juridique l’amène juste à faire moins de nuisance. Il s’agit du pervers narcissique très en vogue.
Selon Christophe André, il y a des actions à favoriser et d’autres à éviter dans la thérapie. Il est important par exemple d’approuver quand la personne est sincère, d’expliquer les réactions des autres, de respecter les usages et les formes, de critiquer seulement si c’est indispensable et de le faire très précisément. Un point aussi important pour ne pas entrer en compétition est de rester discret sur nos réussites. Il faut par contre éviter d’être dans l’opposition systématique, de céder aux manipulations ou d’accorder des faveurs qu’on ne veut pas renouveler et enfin d’avoir des attentes en retour.
Il est important d’être attentif à son implication, en tant que thérapeute, dans la thérapie car elle a plus d’impact que la méthode elle-même. C’est pourquoi il est judicieux de réparer les ruptures d’alliance s’il y a besoin. Et dans ce cadre, les théories sur l’attachement sont très aidantes. Celle de Mary Ainsworth qui met en avant les différents types d’attachement, sécure, résistant, désorganisé et évident. Celle de John Bowlby qui soulève le besoin inné d’un être humain de rechercher la sécurité et de vouloir explorer le monde. Enfin, celle de Giovanni Liotti, qui insiste sur le fait d’utiliser la théorie de l’attachement pour s’aider dans la relation thérapeutique.
Afin de pouvoir gérer le lien thérapeutique, le thérapeute peut s’aider aussi en identifiant les systèmes motivationnels interpersonnels. Il y a quatre systèmes, le premier qui regroupe la disposition à l’attachement et le caring, ensuite le système de compétition qui est souvent activé lors d’entretiens avec une personne narcissique, la collaboration et enfin le système sexuel. Il est essentiel de sortir du système de compétition afin d’arriver soit dans une relation de caring soit dans une coopération. Les niveaux peuvent varier et les ruptures, soit par confrontation soit par retrait, sont continuelles lors d’un entretien. L’entretien thérapeutique est comme un laboratoire où l’émotion du thérapeute est une des clé principales du maintien du lien. La résolution de la rupture dépend de la motivation du thérapeute et de sa capacité à identifier et surmonter ses émotions. Ce qui est à retenir est aussi que ce cycle de rupture et réparation renforce l’alliance et amène de meilleurs résultats thérapeutiques.
En guise de conclusion personnelle, je peux dire qu’il est parfois, voire souvent, compliqué de travailler avec des personnes ayant une personnalité narcissique. Cependant lorsque je suis capable de m’écouter en tant que thérapeute, je peux créer une alliance thérapeutique solide. Car il s’agit de personnes tout compte fait fragiles en quête de lien. (Je parle des personnes narcissiques qui viennent consulter !). De plus, cela me force à mieux me connaitre ce qui est extrêmement stimulant pour moi.

Fait par Laure Jean Perraudin


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